
Opération "Plomb Durci"
Depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007, Palestiniens et Israéliens ont connu deux épisodes majeurs d'escalade de violence avant l'opération « Bordure protectrice » qui a débuté le 7 juillet 2014 : l'opération « Plomb durci » en 2008 et l'opération « Pilier de défense » en 2012.
2008 : L'OPÉRATION « PLOMB DURCI »
Le 27 décembre 2008, l'armée israélienne lance l'opération « Plomb durci », une vaste offensive de trois semaines, à la fois aérienne et terrestre, contre le Hamas, le mouvement islamiste, aux commandes de la bande de Gaza. Il s'agit de l'attaque israélienne la plus meurtrière jamais menée contre le territoire côtier palestinien.
L'objectif revendiqué par l'Etat hébreu est de faire cesser les tirs de roquettes qui frappent le sud d'Israël en amoindrissant les capacités de frappes du Hamas. L'aviation de Tsahal pilonne les tunnels aménagés sous la frontière avec l'Egypte, par lesquels les islamistes se ravitaillent en armes. Ces galeries souterraines permettent aux Palestiniens de contourner le blocus terrestre, maritime et aérien israélien, renforcé depuis la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza en 2007.
- De violents affrontements durant les mois précédents
Le 27 février, soit six mois avant « Plomb durci », Tsahal déclenche l'opération « Hiver chaud » en représailles à la mort d'un Israélien tué par un tir de roquette palestinien. En cinq jours, les bombardements et l'incursion de l'armée israélienne dans Gaza causent la mort de plus de soixante-dix palestiniens et de deux soldats israéliens. Malgré le retrait des troupes, le 3 mars 2008, les violences se poursuivent jusqu'au mois de juin faisant des centaines de morts supplémentaires côté palestinien. Un cessez-le-feu de six mois est finalement décrété le 19 juin, grâce à la médiation de l'Egypte.
- La provocation de l'armée israélienne
Dans la nuit du 4 au 5 novembre 2008, alors que le monde entier a les yeux tournés vers les Etats-Unis, où Barack Obama vient d'être élu président, l'armée israélienne brise la trêve qui prévalait avec le Hamas depuis quatre mois et demi. Une incursion destinée à détruire un tunnel creusé par des activistes palestiniens cause la mort de six membres des brigades d'Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas. Celle-ci réplique en tirant une cinquantaine de roquettes en direction d'Israël, sans faire de victime.
- Le Hamas renonce à la trêve
Le 14 décembre 2008, Khaled Mechaal, dirigeant en exil du Hamas, annonce que la trêve proclamée six mois plus tôt ne sera pas renouvelée « en raison de la poursuite du blocus de la bande de Gaza ». Elle prend fin le 19 décembre 2008. Le lendemain, l'aile militaire du Hamas revendique des tirs d'obus de mortier sur Israël.
- Trois semaines d'offensive
Le 27 décembre 2008, une semaine après la fin officielle de la trêve, les premiers missiles israéliens s'abattent sur la bande de Gaza. C'est le début de « Plomb durci ». Aux bombardements aériens, s'ajoute, à partir du 3 janvier 2009, une offensive terrestre. Le 18 janvier, Israël proclame un cessez-le-feu unilatéral. Douze heures plus tard, les groupes armés palestiniens baissent les armes à leur tour. L'opération « Plomb durci » s'achève le 21 janvier 2009 avec le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza.
- Un bilan humain très lourd
Les trois semaines de bombardements et de combats ont fait près de 1 400 morts, principalement des civils, côté palestinien, et 13 morts côté israélien. Selon le ministère de la santé palestinien, l'opération a fait plus de 5 000 blessés dans la bande de Gaza. Malgré un bilan humain et matériel très lourd, l'opération a échoué à mettre un terme définitif aux tirs de roquettes.
- Israël accusée de « crime de guerre »
En septembre 2009, le juge sud-africain Richard Goldstone, mandaté par l'ONU, remet un rapport qui incrimine l'Etat hébreu. Il conclut que l'armée israélienne a agi « au mépris de la vie des civils » et « fait un usage disproportionné de la force ». Le juge Goldstone accuse Israël de « crime de guerre » voire de « crime contre l'humanité », provoquant la colère d'Ehoud Olmert, le premier ministre de l'époque. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU demande à Israël de poursuivre les auteurs présumés de violations mis à jour par le rapport. En vain. Toutes les enquêtes ouvertes par la justice militaire israélienne ont réfuté les violations du droit humanitaire et des lois internationales pointées par le rapport Goldstone.